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Grève

La grève

 « Il était une fois, il y a des milliers d’années… »  Vieille comme le monde, elle entre dans l’Histoire avec les grandes civilisations. Toujours elle a été scandaleuse. Parce qu’elle vise la puissance des puissants. Parce qu’elle bouleverse l’ordre des choses. Parce qu’elle est toujours une épreuve de force qui met en cause un rapport de domination. Soudain, des méprisés, organisés collectivement, n’acceptent plus les conditions de leur servitude. Les lignes peuvent alors bouger. Et parfois, la grève… change la vie.

Edito de Nico Cué

 

(siehe Deutsche Fassung unten)

Quand les ouvriers des pyramides de Khéops débrayent parce que leurs gamelles contiennent de moins en moins d’ail – le condiment local par excellence ! -, l’éditorialiste en chef de « Léopoldine » (le petit nom du journal catholico-patriotique pendant l’ « Affaire royale ») n’est pas là pour mugir, lever les bras au ciel et braire à la « prise d’otage ». La Belgique est dans les limbes. La « Libre » aussi. Nous sommes en 2558… bien avant Jésus-Christ !


Mille ans plus tard environ, des collègues engagés à Deir-El-Medineh, dans la Vallée des Rois, déposent le burin.  L’édification d’une série de monuments à la gloire de Ramsès III s’arrête. En cause ? Du retard dans le ravitaillement : quelques miches de pain et un peu de bière pour les manœuvres, des sacs de céréales pour les contremaîtres… Ces prolos de l’Antiquité occupent alors temples et bâtiments administratifs pour bloquer toute activité. Le Tribunal d’Anvers n’est pas là pour condamner les « meneurs ». La FEB non plus. Vertige : il n’y a personne pour chiffrer le coût de la grève sur l’économie du royaume. Un conciliateur est désigné. Les travailleurs obtiennent satisfaction. Le Sphinx a eu chaud.


L’Homme peut accepter un temps l’inacceptable. Un temps seulement. Il a inventé dans son Histoire toutes les manières possibles de relever la tête. Parallèlement, la grève s’est déclinée à l’infini : perlée, tournante, du zèle ou de la faim, sauvage ou préavisée, partielle ou générale, ponctuelle ou au finish…


L’irruption vivante dans le cours mécanique des choses perturbe évidemment ceux qui y tirent les marrons du feu. Dès qu’ils en ont les moyens, les chefs, les patrons ou les propriétaires s’emploient à en empêcher la possibilité - ou le droit s’il a été conquis ! Par la négociation s’ils en ont le rapport de force, sinon par la contrainte ou la violence si nécessaire.  Le 1er mai 1886, des milliers de travailleurs américains se mettent en grève pour obtenir la « journée des huit heures ». A Chicago, devant les grilles de l’usine Mc Cormick, le patronat fait parler les armes… de sa milice : 18 morts dans les rangs ouvriers.


En 2012, le propriétaire de Meister Benelux envoie des mercenaires pour récupérer la production bloquée par les grévistes. Ils molesteront des travailleurs sur place. Aujourd’hui Charles Michel et son équipe entendent revoir les libertés syndicales et celles liées à la grève.


Bientôt « 1984 »
Depuis des dizaines d’années, la figure du « patron » s’efface de l’air du temps grâce aux médias dominants qui n’expriment que l’idéologie dominante : celle des dominants. Ils polissent la violence sociale et liment ses angles. Ils ont usé les mots de la domination. Les manuels de management ont effacé ceux qui exprimaient la réalité de la hiérarchie. Ils parlent une novlangue consensuelle faite de « projets », de « gouvernance » et de « partenariats». Le vocabulaire finira par nous manquer pour exprimer notre réel, l’exploitation… la lutte des classes.


Ce concept est aujourd’hui aussi « ringardisé » par les « modernes » que celui de la domination - ou de son pendant, l’assujettissement ! Dans l’entreprise comme ailleurs, nous serions libres et égaux comme dans la démocratie en vigueur derrière les grilles ? Que nous en soyons persuadés est une condition du maintien de l’ordre. Nous devons croire à l’illusion d’être tous sur le même bateau ! Or nous sommes les 99% et l’immense richesse du pourcent restant doit bien venir de quelque part. D’où sinon de cet aveuglement ?


Les patrons n’ont plus de visage. Reste celui du pouvoir politique. Dans le sud du pays, il est incarné par les « élus » du MR. Leur politique réduit toujours plus les conditions de vie du monde du travail. Les revenus du capital explosent au rythme où les salaires reculent. Avant la crise, les dividendes ne représentaient pas 50% des bénéfices des entreprises. Aujourd’hui, c’est plus de 80%. Les entreprises sont vidées de leurs moyens d’investir pour créer les emplois dont nous avons besoin.


Nous ne sommes pas un parti politique. Nous ne sommes pas un lobby. Nous ne sommes pas une ONG. Nous ne sommes pas une agence de communication. Nous formons un syndicat. C’est la raison pour laquelle il nous faut reprendre contre les politiques du MR la seule arme que notre Histoire a forgé : la grève !


Nico Cué
Secrétaire général

                                   

    

Streik


 « Es war einmal vor Tausenden von Jahren… »  Er ist so alt wie die Welt und gehört mit den großen Zivilisationen zur Menschheitsgeschichte. Er hat immer Schockwellen ausgelöst. Weil er die Macht der Mächte im Visier hat. Weil er Ordnungen umwirft. Weil er immer eine Kraftprobe ist, bei der ein Beherrschungsverhältnis in Frage gestellt wird. Plötzlich stellen sich die Verachteten im Kollektiv auf und akzeptieren ihre Knechtschaft nicht mehr. Linien können sich jetzt bewegen. Und manchmal verändert der Streik... das ganze Leben.  


Als die Arbeiter, die die Cheops-Pyramide errichteten, aussetzten weil ihre Essensrationen weniger Knoblauch enthielten – ein ausgezeichnetes lokales Gewürz! - konnte der Chefkolumnist der  « Léopoldine » (Spitzname der katholisch-patriotischen Zeitung « Affaire royale ») nicht aufschreien und sich stöhnend über die « Geiselnahme » auslassen. Belgien befindet sich in der Schwebe. Die « Libre » auch. Wir zählen das Jahr 2558… weit vor Christus!


Etwa tausend Jahre später legen Kollegen in Deir-El-Medineh im Tal der Könige ihre Meißel hin. Die Errichtung einer ganzen Reihe von Denkmälern zu Ehren von Ramses III. liegt still. Warum? Wegen Versorgungsproblemen: einige Brotlaibe und ein bisschen Bier für die Hilfsarbeiter, Getreidesäcke für die Vorarbeiter... Die Proletarier der Antike besetzen kurzum Tempel und Verwaltungsgebäude, um jede Tätigkeit zu unterbinden. Kein Antwerpener Gericht verurteilt die « Rädelsführer ». Auch nicht der FBU. Noch besser: Niemand beziffert die Kosten des Streiks für die Volkswirtschaft des Königreichs. Ein Schlichter wird ernannt. Den Forderungen der Arbeitnehmer wird stattgegeben. Die Sphinx ist nochmal davongekommen.


Der Mensch kann eine Zeit lang Unzumutbares hinnehmen. Nur eine Zeit lang. Im Laufe seiner Geschichte war er immer sehr kreativ, wenn es galt, sich wieder aufzurappeln.  Inzwischen nahm der Streik die unterschiedlichsten Formen an: Bummelstreik, rotierender Streik, Schwerpunktstreik, Hungerstreik, Sitzstreik, wilder Streik, Warnstreik, Teil- oder Generalstreik, Punktestreik, Abwehrstreik...


Der dynamische Einfall in den mechanischen Lauf der Dinge stört diejenigen empfindlich, die die Kohlen aus dem Feuer holen. Wann immer sie es können, versuchen die Chefs, Bosse und Unternehmer, Streiks zu verhindern – oder die Ausübung des Rechts, falls es erkämpft wurde. Durch die Verhandlung, vorausgesetzt das Kräfteverhältnis besteht, ansonsten schlimmstenfalls durch Zwang oder Gewalt. Am 1. Mai 1886 streiken Tausende amerikanische Arbeitnehmer für « den Acht-Stunden-Tag ». In Chicago lassen die Bosse vor den Toren des Mc Cormick-Werks die Waffen ihrer Miliz sprechen: 18 Tote in den Reihen der Arbeiter sind das Ergebnis.  


Im Jahr 2012 schickt der Eigentümer von Meister Benelux Söldner, um die von den Streikenden lahmgelegte Produktion wieder in Gang zu bringen. Sie bedrängen die Arbeitnehmer vor Ort. Heute gedenkt Charles Michel, mit seinem Team die Gewerkschaftsfreiheiten und das Streikrecht neu zu überarbeiten.  


Bald « 1984 »
Seit Dutzenden von Jahren spielt der « Boss » im Zeitgeist eine abnehmende Rolle, und dies dank den dominierenden Medien, die nur die beherrschende Ideologie verbreiten:  die Ideologie der Herrschenden.  Sie verharmlosen die soziale Gewalt und beschönigen die Realität.  Sie verwenden den Begriff Beherrschung. Die Management-Guides verdrängen die Informationen über die echte Hierarchie. Sie sprechen eine neue Sprache der « Projekte », « Governance » und der « Partnerschaften », es fehlen uns schließlich die Worte, um unsere Wirklichkeit der Ausbeutung und des Klassenkampfs zu beschreiben.


Dieses Konzept ist heute dank der « Modernen » genauso « verstaubt » wie das Konzept der Beherrschung – oder dessen Pendants, der Unterwerfung! Im Unternehmen wären wie frei und gleichgestellt wie anderswo, wie in der hinter den Toren geltenden Demokratie? Uns davon zu überzeugen, ist eine entscheidende Voraussetzung für die Aufrechterhaltung der Ordnung.  Wir sollen an die Illusion glauben, wir säßen alle im selben Boot! Wir sind 99% und der gewaltige Reichtum des verbleibenden Prozents muss schon irgendwoher kommen. Was soll ansonsten diese Verblendung?
Die Bosse haben keine Gesichter mehr. Es bleibt die politische Macht. Im Süden des Landes wird diese von den « gewählten Vertretern » des MR verkörpert. Deren Politik führt zu einer Verschlimmerung der Lebensbedingungen in der Arbeitswelt. Die Kapitalerträge gehen genauso schnell hoch wie die Löhne zurückgehen. Vor der Krise wurden 50% der Unternehmensgewinne als Dividenden ausgeschüttet, heute sind es mehr als 80%. Die Unternehmen haben keine Investitionsmittel mehr, um die für uns dringend notwendigen Arbeitsplätze zu schaffen.


Wir sind keine politische Partei. Wir sind keine Lobbygruppe. Wir sind keine NGO. Wir sind keine PR-Agentur. Wir bilden eine Gewerkschaft.  Gerade deshalb müssen wir gegen die Politik des MR wieder die einzige Waffe in die Hand nehmen, die unsere Geschichte geschmiedet hat: den Streik!  


Nico Cué
Generalsekretär