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Le complot des « alchimistes »

Nico Cué

Les discours des  dominants nous racontent des histoires effrayantes pour bien nous endormir. Les «chiens de garde» nous bercent d’illusions sur un monde sauvage qui serait le nôtre ; celui où des «profiteurs» saigneraient des méritants, celui de la guerre de chacun contre tous, celui des pauvres en compétition les uns contre les autres. Actifs contre inactifs. «Nés-natifs» contre étrangers. Croyants contre «infidèles». En la matière, l’imagination est vraiment au pouvoir.

Edito de Nico Cué

(siehe Deutsche Fassung unten)

De temps en temps, une bulle ramène à la surface des choses un pan de réel qui donne de la vraie vie les allures d’un incroyable  complot.  La Commission européenne vient, par exemple, de publier les chiffres officiels de l’intervention des puissances publiques dans le sauvetage des banques privées. Ils donnent le vertige.  Depuis 2007, les Etats de l’Union sont intervenus en capital et sous forme de prêts aux banques privées à hauteur de… 671 milliards. Et c’est sans compter  1.288 milliards de garanties !


Voilà qui ramène la question de la dette grecque  à des proportions qui ouvrent une autre perspective sur la volonté de mettre à genou un peuple tout entier. L’incurie des banques européennes  n’a justifié, pour sa part, aucune condamnation sérieuse, aucune imposition nouvelle et pratiquement aucune contrainte supplémentaire permettant d’éviter le remake d’une catastrophe façon  « 2007-2008 ». Faut-il encore le rappeler ?


Un Etat tout entier peut être maltraité mais pas une banque privée !
La mécanique infernale qui relie l’un à l’autre est bien connue.  La « Grande œuvre » des banquiers a consisté à transformer en or (en dette publique, en fait) le plomb de leurs dettes privées au nom de l’impossibilité de laisser sombrer des institutions dites « systémiques ».  « Too big to fail » (trop grande pour faire faillite !), a-t-on répété. On connaît ce blabla…


Après quoi, les Etats se tournant vers les marchés financiers (dont les banques sont à la fois les tenanciers et les souteneurs) pour se refinancer se sont vu imposer des taux usuraires.  « C’est que la confiance a disparu, mon bon monsieur…  Avec de nouvelles conditions d’assainissement, peut-être, pourra-t-on réexaminer votre dossier ».  Les fables ont fleuri pour expliquer l’injustifiable : les populations qui ont vécu au dessus de leurs moyens, l’incurie fiscale, l’argent des églises… Tout a fait farine aux bons moulins pour pousser à presser le citron jusqu’au dernier zeste.  Dans le cadre de la zone euro, l’accès pour les acteurs publics aux instruments financiers  collectifs (la Banque centrale européenne notamment) a été compliqué de manière à produire un même effet : contraindre les Etats dans le besoin à serrer la ceinture de sa population jusqu’au dernier cran avant l’asphyxie.  Tant et si bien qu’au final, il n’y aurait plus d’alternatives, pour l’ « élite », que le sang, le labeur, la sueur et les larmes… des autres ! Fin des protections sociales, privatisation des secteurs publics, dumping social interne : voilà le programme universel du club des « austéritaires ».


Des pratiques de truands…
Et puis, au détour d’enquêtes en marge du long fleuve tranquille du quotidien médiatique, on découvre que ces « honorables institutions bancaires » sauvées des eaux et de la banqueroute voici quelques années à peine, organisent, depuis certains paradis fiscaux, l’évasion et la fraude fiscale de leurs meilleurs épargnants. Ce fut le  « Lux-leaks », puis le « Swiss-leaks », la valse des milliards…  En organisant ainsi la soustraction de la contribution de leurs riches clients aux financements des besoins publics, elles crachent au visage des Etats qui leur ont sorti la tête du torrent dont leur incurie était pourtant la source ! Fais du bien à un malin… On connaît la suite.


Il paraît par ailleurs, que les autres consommateurs, vous et moi, profiterions à vil prix de leurs services. Il faudrait augmenter leurs tarifs. C’est la BNB qui l’affirme, c’est dire !
Dans la même veine, on note encore la  sortie du film « L’enquête ». Cette fiction a été construite au départ du travail  du journaliste français Denis Robert sur « Clearstream ». Il a montré comment cette chambre de compensation luxembourgeoise a dissimulé et effacé les traces de transactions sensibles (argent du crime, du blanchiment …).  Comment elle organise une comptabilité multiple en quelque sorte… L’enquêteur a gagné tous ses procès (jusqu’en Cassation !) Ainsi, est-il aujourd’hui judiciairement établi que certains acteurs du système financier ont des comportements de truands. En costume trois pièces, bien sûr.


Autant le savoir alors que le système bancaire et financier fait ouvertement de la politique en pesant de sa toute puissance sur toute l’organisation de la société, en poussant aux restrictions de dépenses dans tous les secteurs : de la sécurité sociale à la Justice en passant par les infrastructures… La résistance des camarades des services publics nous concerne directement non seulement parce qu’elle touche à un patrimoine collectif mais aussi parce qu’elle porte en creux le combat pour une démocratie économique et financière.
Au bout de l’alchimie,  Lambda aura-t-il oublié que ce sont bien les banques qui nous ont mis dans la m…  ?

Nico Cué
Secrétaire général

 

Das Komplott der „Alchemisten“


Die herrschende Klasse erzählt uns Gruselgeschichten, damit wir besser einschlafen. Die „Wachhunde“ fabulieren von einer wilden Welt, die angeblich unsere ist; eine Welt, in der die Profiteure die Verdienstvollen gnadenlos schröpfen; eine Welt, in der jeder mit jedem im Krieg steht; eine Welt des Wettbewerbs unter den Armen. Erwerbstätige gegen Arbeitslose. Einheimische gegen Zugezogene. Gläubige gegen „Gottlose“. Der Fantasie sind in diesem Bereich keine Grenzen gesetzt.


Von Zeit zu Zeit steigt wie eine Luftblase ein Stück Realität an die Oberfläche und gewährt uns einen flüchtigen Blick auf das wahre Leben, das uns plötzlich als unglaubliches Komplott erscheint. Gerade erst hat die Europäische Kommission die amtlichen Zahlen der öffentlichen Interventionen für die Rettung der Privatbanken bekannt gegeben. Da kann einem schwindlig werden! Seit 2007 belaufen sich die Kapitalbeteiligungen der EU-Mitgliedstaaten an den Privatbanken und die ihnen gewährten Darlehen auf insgesamt sage und schreibe ... 671 Milliarden. Von den 1.288 Milliarden an Bürgschaften ganz zu schweigen!


Dies lässt das Problem der griechischen Staatsverschuldung und die Bereitschaft, ein ganzes Volk zu knechten, in einem völlig neuen Licht erscheinen. Die europäischen Banken mussten ob ihrer Fahrlässigkeit weder ernste Verurteilungen, noch neue Steuern oder Abgaben befürchten; kaum zusätzliche Zwänge, die ein Remake der Katastrophe von 2007-2008 verhindern könnten. 
Für alle, die es immer noch nicht begriffen haben sollten: Man darf einen ganzen Staat misshandeln, nicht aber eine Privatbank!
Das teuflische Getriebe, in dem eins am anderen hängt, ist hinlänglich bekannt.  Das Meisterstück der Banker hat darin bestanden, das Blei ihrer Privatschulden in Gold (d.h. in öffenliche Schulden) zu verwandeln ... unter dem Vorwand, dass so genannte „systemische“ Einrichtungen unmöglich dem Verderben preisgegeben werden dürfen. „Too big to fail“ (Zu groß, um Konkurs zu gehen!) lautete die Parole. Man kennt solches Gefasel ja ...


Als sich die Staaten zu ihrer Refinanzierung dann an die Finanzmärkte wandten (deren Inhaber und zugleich Unterstützer die Banken sind), wurden ihnen absolute Wucherzinsen auferlegt. „Das Vertrauen ist weg, verstehen Sie, guter Mann? Wenn Sie uns neue Sanierungsbedingungen unterbreiten, sind wir unter Umständen bereit, Ihre Angelegenheit noch einmal prüfen.“  Um zu erklären, was eigentlich nicht zu rechtfertigen ist, florierten Ammenmärchen aller Art: Schuld waren die Bevölkerung, die über ihre Verhältnisse gelebt hat, steuerliche Missstände, das Geld der Kirchen ... Die Zitrone wurde ausgepresst bis auf den letzten Tropfen – mit allen Mitteln.  Innerhalb der Euro-Zone wurde den öffentlichen Akteuren der Zugang zu den kollektiven Finanzinstrumenten (nicht zuletzt zur Europäischen Zentralbank) erschwert, immer mit dem gleichen Ziel: Die Staaten zu zwingen, ihrer Bevölkerung den Gürtel enger und immer noch enger zu schnallen – bis zum letzten Loch vor dem Ersticken.  So weit, bis der „Elite“ gar nichts anderes übrig blieb als das Blut, die Fron, der Schweiß und die Tränen ... der anderen! Schluss mit sozialem Schutz. Die Privatisierung des öffentlichen Sektors und das interne Sozialdumping sind für den Club der „Sparfüchse“ die Universallösung aller Probleme.


Ganovenstücke! Nicht mehr und nicht weniger.
Und bei Untersuchungen am Rande der stillen Wasser, des medienwirksam inszenierten Alltags, stellt sich heraus, dass die „ehrbaren Bankinstitutionen“, die erst vor wenigen Jahren vor dem sicheren Untergang und vor dem Bankrott bewahrt wurden, im Schutz gewisser Steuerparadiese die Steuerflucht und den Steuerbetrug ihrer besten Sparer organisieren.  Wir erlebten „Lux-Leaks“, „Swiss-Leaks“, den Walzer der Milliarden ... Indem sie sich organisieren, um ihren reichen Kunden die Mitfinanzierung des öffentlichen Bedarfs zu ersparen, spucken die Banken den Staaten ins Gesicht, die ihnen einst geholfen haben, im fahrlässig selbst verursachten Strudel den Kopf über Wasser zu halten! Wenn du einem Bösen Gutes tust ... dann darfst du dich nicht wundern!
Außerdem können die übrigen Konsumenten, also Sie und ich, das hervorragende Dienstleistungsangebot der Banken angeblich zu Spottpreisen nutzen. Eine Anhebung der Preise erscheint angesichts dessen wirklich angemessen! Wenn sogar die BNB dies sagt, muss es doch stimmen!


Mit dem gleichen Thema befasst sich auch der französische Spielfilm „L'Enquête“. Er basiert auf den Recherchen des französischen Journalisten Denis Robert über die „Clearstream“-Affäre. Gezeigt wird, wie die luxemburgische Clearingstelle die Spuren sensibler Transaktionen (Gelder aus Verbrechen, aus Geldwäsche ...) verdeckte und verwischte.  Wie sie sozusagen eine mehrschichtige Buchhaltung organisierte. Der Ermittler hat (bis hinauf zum Kassationshof!) alle gegen ihn angestrengten Gerichtsverfahren gewonnen. Damit ist heute rechtlich bewiesen, dass gewisse Akteure des Finanzsystems sich wie echte Gauner verhalten. Selbstverständlich mit Nadelstreifen.


Besser, man weiß von vornherein, dass das Banken- und Finanzsystem ganz offen Politik macht ... und mit seiner ganzen Macht auf die gesamte Organisation der Gesellschaft einwirkt, um Ausgabenkürzungen in allen Bereichen durchzusetzen: von der Sozialen Sicherheit über das Infrastrukturwesen bis zur Justiz. Der Widerstand der Kollegen im Öffentlichen Dienst betrifft auch uns direkt, nicht nur weil hier ein kollektives Erbe angetastet wird, sondern weil der Kampf um die Demokratie von Wirtschaft und Finanzen uns alle angeht.


Inmitten der ganzen Alchemie droht Lambda zu vergessen, dass niemand Geringerer als die Banken selbst den Karren in den Dreck gefahren haben.

Nico Cué
Generalsekretär