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Les « leçons » de la N-VA

Les « leçons » de la N-VA

Mieux vaudrait ne pas avoir de pantalon troué pour grimper à l’arbre de l’éthique et de la bonne gouvernance. La N-VA n’en a cure. Avec elle, c’est « fais ce que je dis, pas ce que je fais ».

Edito de Nico Cué

Les ministres fédéraux du parti nationaliste flamand collectionnent les casseroles. L’opinion publique semble leur pardonner. Mais cela n’empêche pas le « boss » de monter au créneau systématiquement pour répéter qu’on ne touchera pas à un des siens.

Début d’année, le gouvernement chancelle suite à la gestion calamiteuse de rapatriements d’exilés soudanais. Francken ne démissionnera pas parce que De Wever a prévenu que sa chute ferait tomber tout le gouvernement.

Le ministre de la Défense vit des heures compliquées. La « Grande Muette » lui a tu l’existence d’un rapport sur la possible prolongation de nos chasseurs bombardiers F16. Leur remplacement constitue un « contrat du siècle ». On allait voir ce qu’on allait voir en matière de transparence dans l’attribution du marché. Là, c’est tout vu. Alors que la population est saignée aux quatre veines par des politiques d’austérité folles, la nécessité d’une dépense publique pharaonique s’estompe… Avec en prime, l’impression qu’à la Défense, ce n’est ni le ministre, ni le gouvernement et moins encore le Parlement qui décide. Anvers a décidé : Vandeput restera.

Au moment des bilans de l’action fédérale, le bulletin N-VA devrait objectivement décevoir.

Johan van Overtveld aura sans doute été le plus mauvais ministre des Finances depuis longtemps. Au point, à droite, de faire regretter son prédécesseur, Didier Reynders. Sa propension à la sous-évaluation des dépenses et à la surestimation des recettes ne l’a pourtant pas empêché d’être approché pour remplacer Jeroen Dijsselbloem à la tête de l’Eurogroupe. La zone euro a des frissons.  Au rayon « bonne gouvernance », l’homme plutôt discret s’est fait remarquer  pour avoir confié en octobre 2017 une mission sur les mécanismes TVA à un cabinet d’avocats dirigé par un copain N-VA de Jambon, ministre de l’Intérieur. Le « bavard », un coquin, avait été condamné à plusieurs reprises pour… abus de confiance, usage de faux et même faillites frauduleuses.

Que dire du président de la Chambre qui s’est illustré sous cette législature par de fracassantes démissions ? En février 2017, la pression médiatique est trop forte : Siegfried Bracke démissionne du conseil d’administration de la société privée de télécommunications, Telenet. Deux mois plus tard, il est éclaboussé par les vagues liées à la mauvaise gestion de la « Caisse de pension des députés ». Elle ne respecte pas, dans son fonctionnement, la loi sur les ASBL. Et comme si cela ne suffisait pas, elle rémunérait du personnel en noir. En janvier, il déserte la SCRL « Artevelde Stadion » de Gand quand émergent dans la presse locale les premiers soupçons sur la légalité des marchés publics concernant la construction de la Ghelamco Arena.

« Junkies wallons » et trafics à Anvers

Et le centurion anversois qui se rêve en Auguste ?

Il ose déclarer sans ambages : « Les juifs évitent les conflits. C’est la différence avec les musulmans ».  L’émoi est profond face à une telle banalisation d’un racisme de comptoir hissé au rang de communication politique du premier parti de Flandre. De Wever missionne alors le bon Jambon sur les ondes et dans les colonnes francophones pour coN-VAincre : « Allez. C’est n’importe quoi. Nous ne devons pas nous défendre devant des bêtises comme ça. Personne dans notre parti n’est raciste ». Ben voyons…

C’est le même ministre de l’Intérieur qui voulait, au lendemain des attentats de Paris, « s’occuper personnellement de Molenbeek » et « nettoyer la ville ». En 96, De Wever se laissait photographier en compagnie de Le Pen. En 2007, il participe aux funérailles du fondateur du Vlaams Blok, Karel Dillen. Il qualifie d’ « excuse gratuite » la reconnaissance par son prédécesseur à Anvers de la responsabilité de la Ville dans la déportation des Juifs. En 2015, pour stigmatiser les Berbères, il explique : « Je vois trop souvent que le trafic de drogue est aux mains de jeunes Marocains. »

Boucs émissaires commodes alors qu’Anvers est devenue la « porte d’entrée en Europe » pour le trafic de la cocaïne (47 tonnes saisies en 2017) ! Qu’en dépit de moyens considérables fournis, à l’œil, par le gouvernement fédéral, Anvers ne peut juguler la criminalité liée à ce trafic. Un rapport officiel précise que « l’économie d’origine criminelle dans le district de Borgerhout serait même plus implantée que l’économie légale… »

Voilà qui « la fout mal » pour un mec qui déclarait devant les ascenseurs de Strépy en 2010 que les transferts financiers nord/sud, en Belgique, « ne doivent pas être une perfusion comme de la drogue pour un junkie ».

De bonnes âmes nous rétorquent que la N-VA se porte bien dans les sondages francophones. Mais comme les sondés ne pourront pas élire de nationalistes flamands, l’information est aussi sérieuse que si on leur avait demandé s’ils voteraient pour Zwarte Piet.

Nico Cue
Secrétaire général