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Leur morgue

Nico Cué

L'actuel gouvernement fédéral est à droite toutes. Il nous prépare aussi, en outre, une société qui sera clairement à deux vitesses. Un petit monde de luxe et de bonheur pour quelques-uns. Une vie livrée aux aléas et au mépris pour l'immense majorité des autres.

Edito de Nico Cué

(siehe Deutsche Fassung unten)

C'est sans doute cela qui est le plus terrifiant dans tout ce qui se passe ces jours-ci. Certes, le gouvernement Michel revient sur toute une série d'acquis, comme cela était prévisible dès le moment où il s'était formé. Il a fallu batailler ferme pour que tous ceux qui, de bonne foi, avaient  accepté une prépension au cours de dernières années ne finissent pas par en perdre tous les avantages. Par contre, pour le futur, c'est extrêmement mal embarqué, même si bien sûr nous gardons encore notre capacité de résistance et d'opposition.


L'index est toujours autant menacé! Les services publics ne voient rien venir qui permettrait d'espérer une embellie. La perspective des départs à la retraite à 67 ans se précise. La machine à sortir les chômeurs pour les envoyer au CPAS s'emballe.... Bien sûr ce dernier point est "hérité" du gouvernement précédent, mais il ne faut manifestement pas attendre la moindre humanité dans son application par l'équipe Michel-De Wever.


Or, tout cela se passe dans le plus profond mépris du citoyen. On présente comme logique que le prépensionné reste disponible sur le marché du travail, mais cette disponibilité forcée fait oublier qu'il n'y a pas de marché du travail. Que les restructurations ne sont pas le choix des travailleurs, mais bien la conséquence d'un système capitaliste de plus en plus dévoreur. Que les entreprises se sépareront désormais plus rapidement des jeunes, moins coûteux à licencier, ajoutant ainsi le désespoir des plus jeunes à la pénibilité d'existence pour les plus anciens. Qu'enfin l'état de prépensionné n'est pas le nirvana que décrivent certains, mais bien une perte de revenus, elle  aussi, parfois conséquente, parfois mal vécue psychologiquement, d'autant que l'âge de la retraite est lui aussi repoussé. Les gens meurent plus tard, comprenez-vous, ils doivent rester plus longtemps au service de la société. La brutalité de ce raisonnement n'effraye plus personne.


Et voyons les autres mesures. La fin de l'index s'expliquerait par la nécessité, au nom de la compétitivité, de mette fin à l'exception belge. Personne ne s'étonne de ce basculement des sens : la compétitivité est désormais le mètre étalon du progrès social; ce n'est plus, donc, le mieux-être des citoyens qui composent cette société. Les services publics, qui encadrent les citoyens et font socle de la vie en société sont abîmés, quand ils ne sont pas vendus. Tout un modèle s'effondre, et cela semble aller de soi. Dans les milieux politiques, dans les médias, les plus faibles sont, insidieusement, devenus autant de profiteurs égoïstes. Les plus forts ont de plus en plus souvent toujours raison. La loi de la jungle revient, le droit du plus puissant est de retour, accompagné en outre d'une morgue infinie.


Résister à cette mise en miettes de la société n'est pas simple, bien sûr. D'autant qu'en même temps qu'ils fracassent les mécanismes de solidarité, ils conditionnent l'opinion au fatalisme. Contester devient suspect. Les mouvements de la fin de l'année dernière ont certes été une réussite et ont pesé sur un gouvernement qui ne s'attendait pas à une telle vigueur sociale. Mais d'un autre côté jamais les travailleurs en lutte n'ont été soumis à de telles contestations de leurs actions. Le moindre petit incident a été monté en flèche. Des experts se sont succédé pour dire que si le pays était bien paralysé, ce n'était le fait que d'une poignée d'excités gauchistes...


Depuis combien de temps ces experts et même ces journalistes n'ont-ils plus mis les pieds dans une usine, dans une file de chômeurs ? Les analystes préfèrent les discours simplistes, univoques, à la De Wever. Il est plus difficile d’expliquer la complexité des rapports sociaux, les interactions économiques que de brandir des slogans. Et, en plus, ils disent que les amateurs de slogans, c'est nous, les représentants des travailleurs!


Si ce travail de sape continue, les dégâts seront incommensurables et, surtout, irréversibles pour longtemps. C'est probablement le but. Leur morgue cache, en fait, la défense acharnée de leurs intérêts. C'est une loi immuable dont ils voudraient faire croire qu'elle aurait changé, mais non!  La solidarité n'a jamais été le but du capitalisme, qui ne peut s'épanouir que dans l'exploitation du plus grand nombre au profit de quelques-uns. Tout ce qu'ils mettent en place en est l'illustration.

Nico Cue
Secrétaire général

 

In der Leichenhalle der Föderalregierung

Das Herz der heutigen Föderalregierung schlägt rechts, mit dem zunehmend zu befürchtenden Ergebnis einer Gesellschaft der zwei Geschwindigkeiten. Was auf uns zukommt, ist eine von Luxus und Glück geprägte kleine Welt für wenige Auserwählte, während die riesige Mehrzahl der Bürger sich Willkür und Geringschätzung ausgesetzt sieht.

Wahrscheinlich ist es das, was an den Ereignissen der letzten Wochen und Monate am meisten erschreckt. Dass die Führungsriege um Premier Michel eine ganze Reihe von Errungenschaften infrage stellen würde, war eigentlich schon zum Zeitpunkt der Regierungsbildung absehbar. Es hat uns einiges an Schweiß gekostet, sicherzustellen, dass diejenigen, die sich in den letzten Jahren gutgläubig zur Frührente bereit erklärt haben, letztendlich nicht alle mit diesem Schritt verbundenen Vorteile verlieren. Die Zukunft wirkt nicht allzu rosig, auch wenn die Widerstandsbereitschaft der Gewerkschaften ungebrochen ist.

Der Indexbindung droht weiterhin das Ende und auch der öffentliche Dienst hat keinen besonderen Anlass zur Hoffnung. Die Aussicht auf Rente mit 67 Jahren nimmt immer konkretere Formen an. Arbeitslose werden reihenweise ins ÖSHZ katapultiert, am Unterstützungssystem ist die Auswurftaste eingerastet ... Sicher, Letzteres kann man noch als ein „Erbstück“ der letzten Regierung betrachten. Doch ob von einem Team wie dem Gespann Michel-De Wever bei der Umsetzung  der Idee sehr viel Menschlichkeit zu erwarten ist, mutet wie eine rhetorische Frage an.

All dies geschieht vor dem Hintergrund einer völligen Geringschätzung des Bürgers. Man stellt es als selbstverständlich dar, dass der Frühpensionierte dem Arbeitsmarkt weiter zur Verfügung steht. Dass es diesen Arbeitsmarkt eigentlich überhaupt nicht mehr gibt, kann man über so viel erzwungener Disponibilität schon mal vergessen ... Genau wie die Tatsache, dass die Umstrukturierungen nicht der Wunsch der Arbeitnehmer, sondern die Auswüchse eines immer gieriger saugenden Vampir-Kapitalismus sind. Oder dass die Unternehmen sich von jungen Arbeitskräften fortan schneller wieder verabschieden werden, weil ihre Entlassung sie weniger Geld kostet. So dass zur beschwerlichen Situation der älteren Generation auch noch die Verzweiflung der Jugend hinzukommt. Und schließlich, dass der Status des Frühpensionierten nicht das vielbeschworene Nirwana bedeutet, sondern mit einem (teils erheblichen) Einkommensverlust verbunden und, erst recht bei gleichzeitiger Anhebung des Rentenalters, auch psychologisch oft schwer zu verkraften ist. Die Menschen sterben später, verstehen Sie. Deshalb müssen sie der Gesellschaft länger zu Diensten sein. Auch diese Feststellung hat, trotz der Brutalität ihrer Konsequenz, ihren Schrecken verloren.

Werfen wir einen Blick auf die weiteren Maßnahmen. Die Abschaffung der Indexbindung wird – im Namen der Wettbewerbsfähigkeit – mit der Notwendigkeit begründet, der „belgischen Ausnahme“ ein Ende zu bereiten. Niemand wundert sich über diesen Sinneswandel, gilt doch die Wettbewerbsfähigkeit mittlerweile als Maßstab des sozialen Fortschritts! Diesen auf eine Verbesserung des Wohlbefindens der Bürger zu beziehen, die diese Gesellschaft bilden, erscheint nicht mehr zeitgemäß. Der öffentliche Dienst, der dem Bürger zur Seite steht und das Fundament des Gesellschaftslebens bildet, wurde kurzerhand beschnitten oder verkauft. Ein ganzes Modell kollabiert – und jeder hält das für normal! Unauffällig, klammheimlich sind – sowohl in den politischen Kreisen als auch in den Medien – die Schwachen allesamt zu egoistischen Profiteuren mutiert. Die Stärkeren haben immer häufiger „immer Recht“. Das Gesetz des Dschungels mit dem Machtanspruch des Stärkeren wird wiederbelebt und regelt das Geschehen in einer riesigen Leichenhalle.

Es ist natürlich alles andere als einfach, sich denjenigen entgegen zu stellen, die fest entschlossen scheinen, unsere Gesellschaft in einen Scherbenhaufen zu verwandeln. Umso mehr, als sich diese nicht damit begnügen, sämtliche Mechanismen der Solidarität kaputt zu schlagen, sondern zugleich eifrig bemüht sind, die öffentliche Meinung auf Fatalismus zu trimmen. Wer widerspricht, macht sich verdächtig. Die Bewegungen am Ende des letzten Jahres waren sicherlich ein Erfolg und haben der Regierung einige Bauchschmerzen bereitet, denn mit so viel sozialer Power hatte die Führung unseres Landes nicht gerechnet. Andererseits hat sich die kämpfende Arbeitnehmerschaft jedoch auch noch nie einer derartigen Kritik an ihrem Handeln ausgesetzt gesehen. Der kleinste Zwischenfall wurde in der öffentlichen Meinung sofort aufgegriffen und hochgespielt. Experten übertrafen sich gegenseitig in der Feststellung, dass das Land zwar lahmgelegt wurde, aber eben nur von einer Handvoll aufgeregter Linker ...

Wie lange haben diese Experten und selbst diese Journalisten schon keinen Fuß mehr in eine Fabrik oder in eine Schlange von Arbeitslosen gesetzt? Die Analysten von heute ziehen reduktionistische, vereinfachende, unzweideutige Diskurse à la De Wever vor. Die Komplexität der sozialen Beziehungen und der wirtschaftlichen Wechselwirkungen zu erklären, ist wohl ungleich schwieriger, als Parolen zu verbreiten. Dabei besitzen diese „Sachverständigen“ sogar noch die Kaltschnäuzigkeit, zu behaupten, die mit den Stammtischparolen seien wir, die Arbeitnehmervertreter ...

Wenn diese Untergrabung unserer Gesellschaftsordnung sich fortsetzt, werden die Schäden unermesslich und – vor allem – für lange Zeit irreversibel sein. Aber darum geht es wahrscheinlich auch. Hinter der Leichenhalle verbirgt sich der beharrliche Wunsch, eigene Interessen zu verteidigen. Das einem das Hemd stets näher ist als die Jacke, ist ein unwandelbares Gesetz, auch wenn man uns das Gegenteil vorgaukeln möchte! Solidarität war noch nie das Ziel des Kapitalismus, eines Systems, das von der Ausbeutung der Massen lebt – zum Vorteil einer kleinen Minderheit. Die aktuelle Entwicklung könnte diese Tatsache gar nicht besser veranschaulichen.

 

Nico Cué

Generalsekretär