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« S’endurcir sans se défaire de sa tendresse »

Nico Cué

L’équilibre est instable. Par réflexe, chacun retient son souffle. La sidération grandit le long de l’onde de choc rythmée par la rafale des attentats qui se rapprochent de nous. Paris est à nos portes. L’effroi saisit nos proches voisins. La colère monte mais c’est la peur qui gagne. 

Edito de Nico Cué

(siehe Deutsche Fassung unten)

Là comme ici. Ces émotions bouillantes et régressives nous déconnectent d’une raison froide. La société bascule et nous entraîne. Le danger est là. Pas forcément où on l’attend. Par forcément là où on le désigne. Le temps se raccourcit. L’époque cède à la facilité, à la paresse de la pensée; les amalgames fleurissent. La panique n’a jamais été bonne conseillère et, ce coup-ci, à quelques exceptions près, la gauche des justes causes n’a pas, c’est malheureux, trouvé les justes mots. Pas encore ? Il reste à l’espérer…


Les terroristes sont une poignée, nous sommes une multitude. La démonstration de leur puissance tient dans un sentiment qui tétanise : la sécurité de notre quotidien ne serait plus assurée. Au départ de ce constat, bien des questions se posent. Comment définir notre sécurité, par exemple ? Une logorrhée volontiers policière met l’accent sur notre « intégrité physique » ?  N’y aurait-il plus rien à dire sur les conditions mêmes de nos vies ? Ces questions, brusquement, seraient devenues inaudibles. Le jour d’une grève interprofessionnelle menée en front commun dans le Hainaut, un journal de révérence ponctuait son commentaire en «une» en décernant la «palme de l’indigence»… aux syndicats. Ainsi ravalés à un stade « infra-terroriste », de quel crime fûmes-nous donc coupables? Avoir maintenu un… «mot d’ordre de grève dans certains endroits de Wallonie.»


Il nous faut résister à ce formatage des opinions, à cette instrumentalisation clairement politique de circonstances créées par des terroristes.  Incidemment, ce dérapage médiatique qui discrédite surtout son rédacteur, est la démonstration que les questions sécuritaires sont au cœur d’un projet politique. Et ce n’est pas le nôtre. Voyez comme il est difficile d’encore financer une sécurité sociale qui continue d’assurer une dignité aux accidentés de la vie, malades, pensionnés ou exclus  du travail. Observez avec quelle aisance, les contraintes budgétaires sont desserrées pour trouver les moyens d’une plus grande surveillance, condition nécessaire pour le troc de nos libertés, individuelles ou collectives, contre une plus grande protection.


Du côté des victimes… collatérales !
Les appels à l’unité nationale caractérisent les temps de guerre. Ces élans émotionnels ne durent qu’un temps. La CGT française a lucidement dénoncé les accents martiaux du président Hollande. Elle a utilement rappelé que « les multiples interventions militaires (en Irak, en Lybie, en Syrie etc…) loin d’instaurer la démocratie ont généré un appauvrissement des populations avec des centaines de milliers de victimes et une impasse économique et sociale. C’est le terreau sur lequel le terrorisme se développe, poussant des populations entières sur le chemin de l’exil. » Y-a-t-il quelqu’un pour l’entendre ? « Avant la fin de la 2e guerre mondiale, lors de la déclaration de l’OIT en 1944, l’ensemble des pays de la planète avaient affirmé que seule la justice sociale serait un facteur de paix ».

En Belgique, la glu de cette « unité nationale » a bien sûr seulement paralysé les formations politiques progressistes. Les autres sont au gouvernement ! Quatre jours après la définition du niveau d’alerte 4 par l’Ocam, un sénateur NVA s’est littéralement déchaîné dans le même quotidien antisyndical  pour dénoncer « vingt ans de laxisme du PS » et… « d’islamo-socialisme » dans la capitale. Pour lui, pas de « palme »…


Alors que les opérations policières n’ont encore abouti à aucun résultat , cette crise semble bien être du miel pour les fascistes, les islamophobes, les nationalistes… Même au moment de témoigner sa solidarité envers toutes les victimes de tous les attentats, la MWB entend rester lucide. S’inspirant de l’injonction d’Ernesto Che Guevara, « s’endurcir sans se défaire de sa tendresse ! », nous voulons aussi adresser, simplement mais avec détermination, notre fraternité profonde et chaleureuse à l’endroit de ceux qui subissent les effets collatéraux des agressions barbares, en commençant dans nos rangs et parmi nos militants,  par tous ceux qui sont aujourd’hui la cible d’amalgames crapuleux en raison de leur culture d’origine, de leur nationalité, de leur couleur de peau…

No pasaran !

Nico Cue
Secrétaire général

 

« Wir müssen stark werden, ohne je unsere Zärtlichkeit zu verlieren »

Das Gleichgewicht ist nicht stabil. Alle halten den Atem an. Alle sind wie erstarrt nach der Schockwelle der sich uns bedrohlich nähernden Anschläge. Paris liegt gleich vor der Tür. Unsere nächsten Nachbarn werden in Angst und Schrecken versetzt.  Wut macht sich breit aber die Angst siegt, dort wie hier. Rückständige Emotionen kochen hoch und treten an die Stelle von kühler Vernunft. Die Gesellschaft kippt und reißt uns mit.  Die Gefahr ist da. Nicht unbedingt wo man sie erwartet.  Nicht unbedingt da, wo sie angekündigt wird.  Die Zeit wird knapper. Man lässt sich gehen, wird denkfaul und wirft gern alles in einen Topf. Panik war nie ein guter Berater und diesmal hat die Linke, die sonst die gute Sache vertritt, leider nicht die richtigen Worte gefunden – abgesehen von einigen Ausnahmen. Noch nicht? Die Hoffnung stirbt zuletzt… 


Die Terroristen sind eine Handvoll, wir sind viele. Sie stellen brutal ihre Macht zur Schau und lösen ein lähmendes Gefühl aus: Unsere tägliche Sicherheit ist offenbar gefährdet.  Diese Feststellung wirft viele Fragen auf.  Wie definieren wir zum Beispiel unsere Sicherheit? In einem unaufhörlichen, absichtlich vom Polizeijargon geprägten Informationsfluss ist immer wieder von unserer «physischen Integrität» die Rede?  Gibt es denn überhaupt nichts über unsere Lebensbedingungen zu sagen? Diese Themen rücken plötzlich in den Hintergrund. Bei einem gemeinsamen Streik an einem berufsübergreifenden Aktionstag in Hennegau stellte eine bedeutende Zeitung den Gewerkschaften in ihren Schlagzeilen ein Armutszeugnis aus...  Welches Verbrechen haben denn nun die als « infra-terroristisch » degradierten Gewerkschaften begangen? « Das Streikmotto an einigen Orten in Wallonien » ... wurde aufrechterhalten.


Wir müssen diesem Meinungsdiktat und dieser klar politisch motivierten Instrumentalisierung erbitterten Widerstand leisten, die durch die besonderen, von Terroristen ausgelösten Umstände möglich werden.  Die Entgleisung der Medien diskreditiert übrigens vor allem den Autor selbst und zeigt, dass die Sicherheit im Mittelpunkt des politischen Projekts steht. Und dies ist nicht unser Projekt. Wie schwierig ist inzwischen die Finanzierung der sozialen Sicherheit, die gestrandeten Existenzen, kranken Menschen, Rentnern oder von Arbeitsmarkt ausgegrenzten Personen ein würdiges Leben ermöglicht. Und wie einfach ist es, Haushaltsmittel für eine gesteigerte Überwachung freizusetzen, und unsere individuellen und kollektiven Freiheiten gegen den höheren Schutz einzutauschen.


Auf der Seite der Kollateral...Opfer! 
In Kriegszeiten wird immer zur Einheit aufgerufen. Die emotionalen Appelle dauern jedoch nicht lange an. Die französische CGT hat den kriegerischen Ton Hollandes mit äußerster Klarsicht verurteilt. Sie verwies zu Recht auf die « zahlreichen militärischen Eingriffe (im Irak, in Libyen und Syrien, usw.), die bei weitem nicht zur Demokratie, sondern zur Verarmung der Bevölkerung, Hundertausenden Opfern und wirtschaftlichen und sozialen Engpässen führen. Auf diesem Nährboden kann Terrorismus wachsen und ganze Völker ins Exil treiben. » Hat jemand zugehört? «Vor Ende des Zweiten Weltkriegs, anlässlich der IAO-Erklärung im Jahr 1944, bekräftigten sämtliche Länder der Erde dass Frieden nur auf sozialer Gerechtigkeit aufbauen kann».

In Belgien hat der Leim dieser « nationalen Einheit » zufällig nur die fortschrittlichen politischen Kräfte gelähmt. Die anderen sind an der Regierung! Vier Tage nach Ausruf der vierten Alarmstufe durch Ocam hat sich ein Senator der NVA in derselben antigewerkschaftlichen Tageszeitung regelrecht über die « zwanzig Jahre währende Laschheit der PS » und den… « Islam-Sozialismus » in der Hauptstadt ausgelassen. Von ihm wird kein wie auch immer geartetes Zeugnis ausgestellt... 
Während die Polizeieinsätze weiterhin ergebnislos bleiben , erweist sich diese neue Krise als wahrer Glücksfall für Faschisten, Islamfeinde, Nationalisten,... Während wir unsere Solidarität mit sämtlichen Opfern aller Anschläge zum Ausdruck bringen, bleiben wir bei der MWB wachsam. Frei nach Ernesto Che Guevara «Wir müssen stark werden, ohne je unsere Zärtlichkeit zu verlieren!» wollen wir auch schlicht und entschlossen unsere tiefe und warmherzige Brüderlichkeit gegenüber allen ausdrücken, die Opfer der Kollateralschäden dieser barbarischen Anschläge sind – in unseren Reihen die Aktivistinnen und Aktivisten, die aufgrund ihrer Herkunft, Staatsangehörigkeit, Hautfarbe... Zielscheibe skrupelloser Anschuldigen sind. No pasaran!


Nico Cue
Generalsekretär