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Trop de libéralisme tue… la démocratie !

Nico Cué

Démocratie et libéralisme, c’est une histoire de sucre et de café. Ou d’eau et de vin. Qu’est-ce qui se dissout ? Qu’est-ce qui se dilue ? Nos droits et libertés sont-ils solubles dans un capitalisme pur jus ?

Edito de Nico Cué

(siehe Deutsche Fassung unten)

Pour Jacques Adda , les quatre décennies suivant la guerre ont été une parenthèse de l’histoire du capitalisme. Une période où l’Etat social a apporté « des réponses rassurantes aux bouleversements effrayants induits par la révolution industrielle, la généralisation du machinisme et la soumission du travail, de la terre et de la monnaie aux mécanismes du marché ». La fin des années 80, celles du libéralisme débridé, a sonné la fin de la récré.
La société rétropédale depuis en matière de régulation par l’Etat ; place au marché ! La concertation sociale patine ; le patronat revendique ! La sécurité sociale est démodée : la capitalisation a le vent en poupe ; chacun pour soi et les assurances auront chasse gardée ! Les services publics sont livrés aux plus offrants; les biens communs passent sous tutelle privée ! La progressivité de l’impôt se lézarde: taxer les fortunes les ferait décamper… Les salaires coûtent ; boursicotons ! « Ma petite entreprise connaît pas la crise… »


« Toute classe qui aspire à la domination doit conquérir d’abord le pouvoir politique pour représenter à son tour son intérêt propre comme étant l’intérêt général ». 
Comment, en démocratie, une minorité toujours plus minoritaire, peut-elle accéder à la domination ? Avec le consentement d’une majorité, bien sûr. Comment l’obtient-elle? La réponse permettrait d’éclairer l’hostilité du « jaune » à l’égard du gréviste qui, pourtant, défend des intérêts communs.


La guerre a aggloméré le monde ouvrier en un groupe homogène. Aujourd’hui, il éclate sous l’effet d’un individualisme exacerbé par l’idéologie libérale. Le mélange de trois ingrédients a permis son explosion.


1. Une ligne du temps : elle met en perspective un passé « dépassé » et un futur désirable qui justifie des sacrifices présents (exigés pour le bien de nos enfants)… Première arnaque.
2. Un choc : la crise financière peut faire l’affaire. Il permet de bouleverser les repères et d’imposer le changement. « Continuer n’est plus possible » (les conservateurs changent de camps). Il faut « réformer » (sortir de l’ « archaïsme »), « il n’y a pas d’alternative ». Seconde arnaque.
3. Une fabrique du consentement : pour que la classe majoritaire défende les intérêts de la classe minoritaire, il suffit de la persuader qu’ils pourraient être les siens. Les instruments idéologiques du pouvoir économique (médias, enseignement, culture…) s’y emploient notamment en effaçant toutes références à laquelle s’identifier (pas de héros prolo dans les séries télévisées !, par exemple). Les nouvelles politiques RH  (la responsabilisation des travailleurs, l’auto-organisation, le culte des évaluations, l’atténuation des lignes hiérarchiques…) donnent l’impression d’une plus grande autonomie encore accentuée par l’intéressement « aux résultats ». En devenant un (tout) petit actionnaire, mon intérêt et celui du boss se confondent, dans ma tête au moins. Arnaque finale.


Les libéraux achèvent le travail aujourd’hui en voulant marginaliser toute résistance aux arnaqueurs, en la criminalisant. La technique est rôdée sous nos yeux : on monte en épingle un fait divers pour passer en arrière-plan les raisons de la contestation ; on oppose ensuite un droit collectif (la grève) à des libertés individuelles (« pouvoir travailler, puisque je le veux… ») ; enfin, on dote les organisations syndicales d’une personnalité juridique pour mieux les poursuivre devant les tribunaux. Les nationalistes flamands et leurs groupies MR estiment que la liberté d’expression et d’association  doit s’arrêter aux portes des syndicats. 
Moins de droits collectifs, est-ce vraiment plus de démocratie?


Rien n’est moins sûr à voir les levées de boucliers face à la réforme de la Justice. A constater la traque à la petite fraude sociale au moment de l’amnistie pour la grande fraude fiscale (sans parler de la relaxe judiciaire de KBC) ; deux poids, deux mesures. A entendre les remises en causes fascistes de la liberté de circuler… des réfugiés en Europe ou le souci d’un port d’un signe distinctif pour eux. Sans parler du mensonge hissé au rang de principe de gouvernance ?


Du sucre dans le café, de l’eau dans le vin ?  Nous n’en sommes plus là : un changement de nature du régime est en cours.


Nico Cué
Secrétaire général

 

Weniger Liberalismus ist mehr… Demokratie!

Demokratie und Liberalismus – das ist wie Zucker und Kaffee. Oder Wasser und Wein. Was löst sich auf? Lösen sich unsere Rechte und Freiheiten in reinem Kapitalismus auf?  

Laut Jacques Adda[1] waren die vier Jahrzehnte nach dem Krieg nur eine Klammer in der Geschichte des Kapitalismus. Eine Zeit, in der der Sozialstaat « beruhigende Antworten auf die beunruhigenden Umbrüche hatte, die durch die industrielle Revolution, die Mechanisierung und die Unterwerfung der Arbeit, des Bodens und der Währung unter die Marktmechanismen ausgelöst wurden ». Ende de 80er war mit dem zügellosen Liberalismus dann der Spaß vorbei.

Seither radelt die Gesellschaft im Bereich der staatlichen Regulierung kräftig zurück – Platz für den Markt! Die soziale Konzertierung kommt ins Schlingern – die Arbeitgeber fordern! Soziale Sicherheit ist überholt – die Kapitalisierung liegt hoch im Trend, jeder für sich und die Versicherungen stecken ihr Jagdrevier ab. Die öffentlichen Dienste werden versteigert, das Gemeingut kommt unter private Vormundschaft! Die Steuerprogression tritt auf der Stelle: die Vermögenssteuer schlägt den Reichtum in die Flucht... Löhne sind teuer und gezockt wird an der Börse! « Mein kleines Unternehmen bemerkt die Krise nicht… »

« Jede nach der Herrschaft strebende Klasse muss zuerst die politische Macht erobern, um ihr Interesse wieder als das allgemeine darzustellen ».[2]

Wie kann in einer Demokratie eine schrumpfende Minderheit die Herrschaft erringen? Mit der Einwilligung einer Mehrheit natürlich. Und wie wird diese Zustimmung erlangt? Die Antwort auf diese Frage könnte die Feindseligkeit der « Gelben » gegenüber den Streikenden erklären, obwohl letztere nur die gemeinschaftlichen Interessen verteidigen.

Der Krieg hat die Arbeiter zu einer homogenen Gruppe zusammengeschweißt. Heute bricht diese unter dem Einfluss des durch die liberale Ideologie verschärften Individualismus wieder auseinander. Drei Elemente ermöglichten in Kombination diese Sprengung:

Eine Zeitleiste: Sie gibt einen perspektivischen Überblick über die « überholte » Vergangenheit und erstrebenswerte Zukunft, die heutige Opfer rechtfertigt (zum Wohl unserer Kinder)… Der erste Schwindel.

Ein Schock: Da passt die Finanzkrise gar nicht so schlecht. Sie ermöglicht Orientierungslosigkeit und zwingt Veränderung auf. « So geht es nicht weiter » (die Konservativen wechseln das Lager). « Reform » ist angesagt (« Altes » hinter uns lassen), « es gibt keine Alternative ». Der zweite Schwindel.

Die Jasager-Maschine: Die Mehrheit unterstützt die Interessen einer Minderheit nur, sofern diese davon überzeugt wird, dazuzugehören. Mit den ideologischen Werkzeugen der Wirtschaftsmacht (Medien, Bildungswesen, Kultur…) werden Bezugspunkte ausgelöscht (keine Prolls in den Fernsehserien! zum Beispiel). Die neue HR[3]-Politik (Verantwortungsübertragung auf die Mitarbeiter, Selbstorganisation, Evaluierungskult, Verflachung der Hierarchie,…) vermittelt den Eindruck einer größeren Autonomie, die durch die « Erfolgs »-Beteiligung noch verstärkt wird. Auch als Kleinstaktionär verwechsle ich die Interessen meines Chefs gern mit meinen eigenen. Der letzte Schwindel.

Die Liberalen runden das Ganze heute dadurch ab, dass jeder Widerstand gegen die Schwindler an den Rand gedrängt und kriminalisiert wird. Die Taktik wird vor unseren Augen abgespult: Die Tageschronik wird aufgebauscht, um von den wahren, zum Widerstand auffordernden Missständen abzulenken. Dann wird ein Kollektivrecht (Streik) einer individuellen Freiheit gegenübergestellt (« arbeiten können weil man es will … »). Und schließlich werden Gewerkschaften zu Rechtspersönlichkeiten gemacht, um sie besser vor Gerichten zu verfolgen. Die flämischen Nationalisten und ihre MR-Groupies sind der Auffassung, dass Meinungs- und Vereinigungsfreiheit vor den Türen der Gewerkschaften aufhören müssen.

Entsprechen weniger Kollektivrechte wirklich mehr Demokratie?

Nichts ist ungewisser angesichts des allgemeinen Aufstands gegen die Justizreform. Kleine Sozialversicherungsbetrüger werden gnadenlos gejagt, und großen Steuerbetrügern wird großzügig verziehen (vom laschen Umgang der Gerichte mit der KBC gar nicht zu reden)? Es wird mit zweierlei Maß gemessen. Faschisten sprechen sich offen gegen die Freizügigkeit … von Flüchtlingen in Europa oder für das Tragen eines Erkennungszeichens aus ? Von den als Governance-Grundsätze verkauften Lügen ganz zu schweigen.

Zucker im Kaffee, Wasser im Wein ? Darum geht es gar nicht mehr : Das Regime ist dabei, völlig umzuschwenken.

 

Nico Cué
Generalsekretär der MWB

 

 

[1]  Wirtschaftswissenschaftler und Forscher der Sozialwissenschaften, Autor von « La mondialisation de l’économie. Genèse et problèmes » (Die Globalisierung der Wirtschaft, Jacques Adda, Verlag La Découverte, Paris, 2006, 7. Ausgabe.

[2] Diese Feststellung Karl Marx in « Die deutsche Ideologie» wird von den wunderbaren Comic-Zeichnern Denis Robert und Laurent Astier in « L’affaire des affaires. Clearstream » angeführt, Dargaud-Verlag, 2015

[3] « Humanressourcen» : Der Mensch wird zur Ressource des Unternehmens, genau wie Rohstoffe, Energie,…