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Le débat démocratique n’est pas une « fake news » !

Débat démocratique et MR

Charles Michel dérape. Après les journalistes, les magistrats, les recteurs d’université, mais aussi les syndicalistes et le monde associatif, le Premier ministre rêve-t-il de museler l’opposition ? Pour la Wallonie et Bruxelles, c’est une majorité des Parlementaires qui sont visés !

http://metallos.be/fr/declaration-de-confidentialite

Edito de Nico Cué

 

(siehe Deutsche Fassung unten)

L’attachement à une Belgique fédérale coûte cher aux Wallons et aux Bruxellois : toutes les conquêtes du monde ouvrier depuis 50 ans au moins sont remises en question. Par ailleurs, les groupes linguistiques minoritaires du pays - les francophones et les germanophones- sont représentés dans la coalition fédérale par un seul parti, le MR, qui n’a pu rassembler sur ses listes plus d’un vote sur cinq. La minorité démographique est ainsi marginalisée politiquement au sein de l’Etat fédéral. Ce qui représente un réel enjeu du point de vue des principes démocratiques. Cela n’a pas, jusqu’ici, beaucoup embarrassé des libéraux pourtant prompts à faire la leçon sur ces questions.


Il n’y a que la N-VA pour, régulièrement, souligner cette aberration. Sans doute parce qu’elle est une clé de voûte de sa stratégie vers le confédéralisme. C’est encore ce qu’a laissé entendre son président, à la veille des élections communales, dans un long entretien accordé à la Libre Belgique. Il y plaidait le maintien, en Flandre - après le scrutin de… mai !-, d’une majorité « suédoise ». « C’est plus complexe pour le fédéral, expliquait-il, car le gouvernement n’a pas de majorité en Belgique francophone (sic). Ce n’est pas mon problème mais il existe… Sous le gouvernement précédent, il n’y en avait pas en Flandre et j’ai trouvé ça scandaleux. »


En crachant sur la promesse faite à son électorat - « Jamais avec la N-VA » -, Charles Michel a donc fait le choix de « faire le jeu » de Bart de Wever : dégoûter Wallons et Bruxellois d’un Etat qui les marginalisent dans toutes les politiques.


Les sondages expriment déjà un désamour à l’égard du Premier ministre : troisième au hit-parade de la popularité au nord du pays mais loin derrière le podium en Wallonie et à Bruxelles où il est même devancé par plusieurs ministres flamands !


Aujourd’hui, il peine à respirer profondément dans le costard trop étroit que lui a taillé le bourgmestre d’Anvers. Sa rhétorique est de plus en plus ampoulée. Sa dégaine mécanique et coincée se fige dans des mouvements répétitifs qui expriment d’abord le malaise. Ses allures d’enfant gâté sont celles d’un premier de classe « lèche-cul » et « petit père la morale ». Son style a pourtant vraiment très peu d’importance au regard du propos qu’il installe dans la société avec de plus en plus d’insistance.


Souveraineté, populisme et experts éclairés
L’homme ne semble plus supporter la moindre critique à l’endroit de la politique dans laquelle il nous égare. Après les remontrances adressées aux journalistes, aux magistrats, aux responsables associatifs mais aussi aux recteurs d’université, il a donné, à l’occasion de son discours sur « l’état de l’union », l’impression de vouloir maintenant baliser l’expression de… l’opposition parlementaire. Dans la foulée de Trump ou de Macron – quels modèles ! -, Charles Michel annonce partir en guerre contre les… « fake news » qui pollueraient le débat démocratique. « L’action politique doit être confrontée à la réalité, à la vérité des faits plutôt qu’à la facilité des perceptions et des illusions », a-t-il dit à la tribune de la Chambre. Sans équivoque possible, son intention était de désamorcer les critiques de l’opposition. Il entendait les ramener préalablement à une dimension exclusivement émotionnelle. Et ainsi purger le débat démocratique et le réduire à une expression binaire du genre : « on-off ».


Cette volonté a un sens qui dépasse le fragile souci de dénoncer préalablement à leur formulation des « mensonges » redoutés. Elle est dangereuse parce qu’elle induit l’idée que la politique fédérale pourrait ne pas être lisible par tout un chacun. Qu’il n’y aurait donc plus de libre arbitre possible pour le citoyen. Et que les critiques s’appuyant sur ce que ressent la population relèveraient d’office d’une forme de… « populisme ». Comprenez donc que le peuple serait peut-être encore « souverain » mais qu’il ne serait plus éclairé et que la « vérité » lui échappant, c’est à des… experts qu’il faudrait faire confiance parce qu’eux n’auraient ni pulsions, ni émotions ?


La pente est glissante. Charles Michel est le Premier ministre dont la formation politique est si peu représentative de son corps électoral depuis très longtemps. Ses mensonges (sur la TVA de l’électricité, la pension à 67 ans, l’index, le financement du tax shift, le budget dans les clous…) ruinent sa crédibilité politique. Sa stratégie « communautaire » (la Wallonie et Bruxelles contre un strapontin) est un désastre. Sa couverture des propos racistes de certains responsables de son équipe le déshonore. Mais sa volonté persistante à vouloir disqualifier par des arguments de pure autorité toute forme de mise en question de sa politique devient un vrai problème démocratique. Et ça, c’est pas une « fake news ».

Nico Cué
Secrétaire général

 

 

Die demokratische Debatte – keine « Fake News »!


Charles Michel entgleist. Nach den Journalisten, Richtern, Universitätsrektoren aber auch Gewerkschaftern und assoziativen Kreisen träumt der Premier wohl davon, die Opposition zum Schweigen zu bringen? In Wallonien und Brüssel sind mehrheitlich Parlamentsabgeordnete im Visier.  


Das Bekenntnis zum föderalen Belgien kommt die Wallonen und Brüsseler teuer zu stehen: Alle seit 50 Jahren von der Arbeiterbewegung erkämpften Errungenschaften sind gefährdet.  Die minderheitlichen Sprachengruppen des Landes – die Französisch- und Deutschsprachigen – sind in der föderalen Koalition nur durch eine einzige Partei vertreten, den MR, der auf den Listen nicht mehr als jede fünfte Stimme für sich gewinnen konnte.  Die demografische Minderheit wird somit inmitten des Föderalstaates an den Rand gedrängt.  Dies wirft gravierende Fragen hinsichtlich der demokratischen Grundsätze auf, was die Liberalen bisher kaum zu stören scheint, die sich dennoch gern zu Moralpredigten zu eben diesem Thema hochschwingen.


Nur die N-VA unterstreicht diesen Widerspruch immer wieder, vermutlich, weil er einer der Ecksteine ihrer Strategie zum Konföderalismus darstellt. Dies hat zumindest deren Vorsitzender am Vorabend der Kommunalwahlen bei einem langen Gespräch mit der Libre Belgique durchscheinen lassen.  Bei dieser Gelegenheit plädierte er für den Fortbestand der « schwedischen » Mehrheit nach dem Wahlergebnis im... Mai in Flandern. « Auf föderaler Ebene ist die Lage komplexer, fügte er hinzu, denn die Regierung hat im französischsprachigen Belgien nicht die Mehrheit (sic). Das ist nicht mein Problem, aber es ist ein Fakt... Die vorherige Regierung besaß keine Mehrheit in Flandern, was ich skandalös fand. »


Als er das den Wählern gemachte Versprechen - « Nie mit der N-VA » - mit den Füßen trat, hat Charles Michel sich dafür entschieden, Bart de Wevers « Spiel zu spielen »: Die Wallonen und Brüsseler von einem Staat entfremden, der sie in allen Politikbereichen an den Rand drängt.


Aus den Umfragen geht bereits hervor, dass der Premierminister unbeliebter wird: Im Norden des Landes steht er auf der Beliebtheitsskala an dritter Stelle, aber in der Wallonie und Brüssel ist er – hinter mehreren flämischen Ministern – weit zurückgefallen!


Heute kriegt er kaum noch Luft im zu engen Anzug, den der Bürgermeister von Antwerpen für ihn schneidern ließ. Seine Rhetorik wird immer schwülstiger. Seine mechanische und verklemmte Körperhaltung ist wie erstarrt, obwohl die monotonen Gesten vor allem auf sein Unbehagen schließen lassen. Er tritt auf wie ein verwöhnter Klassenerster, Speichellecker und Klugscheißer. Dabei fällt sein Stil angesichts der Parolen, mit denen er die Gesellschaft immer eindringlicher traktiert, kaum noch ins Gewicht.


Souveränität, Populismus und aufgeklärte Experten
Der Mann verträgt nicht mehr die leiseste Kritik an der Politik, auf deren Abwege er uns führt. Nach den Ermahnungen der Journalisten, Richter, Verbandsverantwortlichen und auch Universitätsrektoren, offenbart er nun in seiner Rede « zur Lage der Union » seine ganz eigene Vorstellung zur... parlamentarischen Opposition. Ganz nach dem Motto Trumps oder Macrons – welche Vorbilder! – verkündet Charles Michel seinen Feldzug gegen die… « Fake News », die jede demokratische Debatte verschmutzen. « Politisches Handeln muss an der Wirklichkeit, an wahren Fakten gemessen werden, und nicht an gängigen Vorstellungen und Illusionen », sprach er auf der Rednerbühne der Kammer. Ohne jeden Zweifel hatte er die Absicht, die Kritik der Opposition zu entschärfen. Vorher wollte er sie auf eine rein emotionale Ebene ziehen, und somit die demokratische Debatte aushebeln und auf einen binären « On-Off-Modus » reduzieren.


Es steckt mehr dahinter als die flüchtige Absicht, die gefürchteten « Lügen » aufzudecken, bevor sie ausgesprochen werden.  Die Taktik ist gefährlich, denn sie lässt vermuten, die föderale Politik sei nicht für jeden durchschaubar. Es gebe also keine freie Wahl mehr für die Bürgerinnen und Bürger. Und die auf den Gefühlen der Bevölkerung beruhende Kritik sei zwangsläufig eine Art... « Populismus ». Das Volk behalte zwar seine Souveränität, sei aber nicht mehr aufgeklärt und erkenne die « Wahrheit » nicht – wem kann man unter diesen Umständen vertrauen, wenn nicht Experten, die weder Triebe noch Gefühle kennen?


Der Weg ist fragwürdig. Charles Michel ist seit langer Zeit ein Premier, dessen politische Formation kaum repräsentativ für seine Wählerschaft ist. Seine Lügen (zu den Themen Mehrwertsteuer, Strom, Rente mit 67, Index, Finanzierung des  Tax Shift, Budget in trockenen Tüchern…) zerstören seine politische Glaubwürdigkeit. Seine « gemeinschaftliche » Strategie (Wallonien und Brüssel für ein Sprungbrett) ist ein Desaster. Seine Deckung rassistischer Äußerungen bestimmter Verantwortlicher aus seinem Team ist beschämend. Und seine Beharrlichkeit, mit rein autoritären Argumenten jede Infragestellung seiner Politik im Keim zu ersticken, entwickelt sich zu einem echten demokratischen Problem. Und dies sind keine « Fake News ».

Nico Cué
Generalsekretär