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Carte blanche : « Détermination + Solidarité + Démocratie = Succès ! »

Grève Kone

 

Après six jours de grève, de nombreuses heures de négociation et trois référendums, les techniciens  de  Kone Belgium ont finalement marqué leur accord sur le résultat des négociations. Nous revenons sur le déroulement de ce combat syndical en donnant la parole au délégué principal MWB-FGTB du Brabant.


Kone est une entreprise située en région bruxelloise qui emploie 600 travailleurs dont principalement des ouvriers de montage, d’entretien et de réparation d’ascenseurs. Eddy y travaille depuis 28 ans où il y a exercé pratiquement tous les métiers de technicien. Il nous explique les raisons de cette grève et le processus de négociation. L’équipe syndicale MWB-FGTB dont il est le porte-parole, a consulté la base durant les différentes étapes de négociation avec la direction.  Ensemble, avec le permanent, ils ont négocié d’arrache-pied, parfois jusqu’aux petites heures du matin, pour défendre la position des travailleurs.   


Au total, cette grève a duré six jours, il s’agit d’une première chez  Kone. L’organisation d’une assemblée générale avait déjà été en soi une première victoire syndicale.  Eddy rappelle qu’il n’est pas évident d’organiser une assemblée du personnel chez Kone. D’une part en raison  de l’éparpillement des travailleurs et d’autre part en raison obstacles mis par la direction, alors qu’il s’agit d’un droit pour les travailleurs.


L’étincelle qui a mis le feu aux poudres a été la CCT concernant le FSM (Field Service Management), outil de planification du travail qui inclut la géolocalisation.  Avec le FSM, un nouveau cap est franchi dans la perte d’autonomie du technicien dans l’exercice de son travail au quotidien.  Eddy explique brièvement l’évolution du métier de technicien : « Avant on avait des fiches papiers, le travailleur jugeait le travail à effectuer, ensuite il y a eu le passage au système PDA, système de fiches sur smartphone, avec le FSM, le travailleur perd en autonomie de travail, il doit commencer là où le système l’aura  planifié, sans tenir compte de toutes les habitudes et des réalités du terrain ! ».


Une première proposition patronale a été largement rejetée par l’écrasante majorité des travailleurs.  Malgré des concessions faites par le banc patronal, suite au combat syndical,  le second projet d’accord n’a pas été avalisé par la base, estimant celui-ci insuffisant.  Ce refus exprime également un ras-le-bol qui s’est accumulé au fil des années. Les travailleurs voient que d’année en année de gros bénéfices sont engrangés par l’entreprise, alors qu’eux sont de plus en plus « surveillés », mis sous pression et sans aucune reconnaissance salariale à la clé !


Suite au second référendum, les travailleurs ont repris provisoirement le travail, à la demande des syndicats tout en poursuivant les  négociations. La  priorité de la MWB-FGTB étant  de  concrétiser les améliorations obtenues  lors de ces négociations, tant au niveau des conditions de travail qu’au niveau salarial. A titre d’exemple, l’amélioration du statut des CDD qui auront plus rapidement leur contrat à durée indéterminée.  


C’est finalement lors d’un troisième référendum que les ouvriers de Kone Belgium ont approuvé à 63% le résultat des négociations. Un accord de principe sera donc signé pour officialiser les différents points qui étaient conflictuels. Les organisations syndicales resteront vigilantes sur la finalisation des différents textes et conventions. En outre, à l’avenir, la direction devra être plus attentive aux problèmes relayés par les délégués. La MWB-FGTB y veillera et ne manquera de le rappeler à Kone !


Cet accord a été obtenu grâce à la combativité et la solidarité des travailleurs. La démocratie syndicale a parfaitement fonctionné dans ce mouvement de mécontentement, avec des assemblées du personnel et des votes démocratiques. Il faut également souligner que la solidarité syndicale a permis de créer un rapport de force en faveur des travailleurs. Avant d’embrayer, une des craintes pour les travailleurs à Bruxelles étaient de se retrouver isolés.  La solidarité a été immédiate, la Wallonie a embrayé le lendemain et la Flandre a suivi très rapidement. Sans oublier la solidarité des délégations MWB-FGTB  d’autres ascensoristes du pays ainsi que, dans le cadre du réseau syndical international,  des délégations syndicales du secteur ascensoriste de plusieurs pays européens. 

Ensemble on est plus forts !


Eddy Clément, délégué principal MWB-FGTB de Kone Belgium