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IMI Truflo-Rona : la mise à sac

Truflo-Rona

Nous revenons évidemment cette semaine, sur l’actualité d’IMI Truflo-Rona. Dimanche soir (3 décembre), dans le froid et le crachin, il y avait, dans le zoning des Hauts-Sarts à Herstal, devant le siège de la société IMI Truflo-Rona, des travailleurs en colère et leur famille en pleurs.

IMI Truflo-Rona Herstal venait d’être vidée de sa production par des hommes venus d’on ne sait où, dans des camions immatriculés à l’étranger. Tout ce qui était la garantie, pour les travailleurs, d’avoir une certaine capacité à négocier avec le patronat avait été évacué, dans un nouvel épisode de pillage industriel dans la lignée de Meister, en 2014 !  Et puisque nous parlons ici de Meister, saluons le courage de la petite dizaine de travailleurs ex-Meister et ex-Truck Technics qui vivent ici leur second cataclysme en 2 ou 3 ans …

Etablie à Herstal depuis 1967, IMI Truflo-Rona qui occupe 105 travailleurs, est l’antenne belge d’une multinationale britannique, spécialisée dans les vannes pour l’industrie pétrochimique, IMI.PLC (installée à Birmingham). IMI a apparemment le siège liégeois dans son collimateur depuis près de deux ans. Pourtant, le site enregistre toujours un excellent carnet de commandes et la conjoncture est très porteuse dans ce secteur d’activité.

En octobre dernier, la direction avait annoncé la fermeture de l’usine et lancé la procédure Renault.  Pourtant, les nouvelles commandes continuaient à affluer à Herstal, la direction obligeant les commerciaux à poursuivre les démarches pour en obtenir encore plus…  mais à réaliser en Italie.

Les travailleurs de IMI Truflo-Rona avaient dès lors bloqué l’expédition des pièces déjà réalisées, facilement transportables. Leur but était soit de parvenir à un plan social en rapport avec les moyens de la multinationale, soit de permettre une reprise, fût-elle partielle, de la production, après rachat par une autre société.

Des candidats à la reprise ont fait montre de leur intérêt. Mais IMI Truflo-Rona a obstinément refusé de vendre. La fermeture pure et simple lui évitant, évidemment, de voir apparaître sur le marché un concurrent qui aurait réengagé des travailleurs de grande compétence et à forte productivité.

IMI Truflo-rona a donc profité de la nuit de samedi à dimanche pour se livrer à un pillage éhonté, alors même que les travailleurs venaient une nouvelle fois de manifester leur désir de continuer les discussions dans la structure légale de la concertation.

Mais la loi belge, IMI Truflo-rona, manifestement, s’en fiche complètement !

La mise à sac de ce week-end le prouve. Elle prive les travailleurs de tout moyen de pression et de tout espoir. Les pouvoirs publics belges ne feront évidemment rien : l’affaire Meister est toujours pendante devant les tribunaux et il faudra sans doute encore des mois, voire des années, avant que justice se fasse. Les travailleurs, eux, sont partis avec une croûte de pain…

La question  est donc posée de la manière dont doivent agir les travailleurs, désormais, pour se défendre. S’inscrire dans le respect des règlements c’est parfois, face à des patrons voyous, se condamner à perdre tout. Les organisations syndicales qui tapent du poing sur la table sont de plus en plus souvent traitées, dans certains médias et dans les cénacles politiques, d’irresponsables ou de ringardes. Mais lorsqu’elles respectent les règles…

Des boîtes comme IMI Truflo-rona  balayent de la main les balises les plus élémentaires de la concertation sociale, dans un climat général de plus en plus tendu. Il serait peut-être temps que les gouvernements s’en rendent compte et se décident enfin à agir et à protéger le monde du travail plutôt que de le culpabiliser. Avant que la machine ne s’emballe…

Pour la délégation MWB-FGTB IMI Truflo-Rona

Michael Toledano Jimenez
Renato Laterza                  

(mandats CPPT et DS )