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Safran Aero Boosters

Carte blanche Safran Aero Boosters

Sur le zoning industriel des Hauts-Sarts, là où se dresse une relique du F16, se trouve l’entreprise Safran Aero Boosters. En octobre dernier, un mouvement de grogne s’est répandu jusqu’à se transformer en arrêt de travail de 48 heures, le 9. Nous avons voulu rencontrer les instigateurs du mouvement. Dans le local réservé aux délégués de la délégation MWB de la FGTB, Frédéric Petit, son vice-Président, nous reçoit.


Travailleur depuis 2006, élu délégué syndical et membre du CE aux élections sociales de 2012 et 2016, Frédéric évoque avec nous le conflit social qui a mené vers la grève. « L’élément déclencheur, nous explique-t-il, est la découverte, par hasard, de la demande de deux collègues de partir à la pension après 65 ans acceptée par la direction. Décision qui niait ce qui avait été négocié paritairement. » Une décision unilatérale prise par le CEO, qui non seulement allait à l’encontre des engagements de la maison-mère parisienne mais qui, de plus, entendait torpiller le dialogue social afin de démontrer pernicieusement le rôle décroissant des syndicats au sein de la boîte.


Il faut dire que l’ex-boss de l’UWE a des positions plutôt tranchées sur le travail et ses conditions. En 2017, il déclarait : le burnout – « Je ne sais pas ce que c’est » – et les 36 heures – « ce n’est pas pénible » – avec une méprisante légèreté. Peu étonnant, dès lors, de le voir anticiper la mesure du gouvernement Michel prévoyant la pension à 67 ans. Sauf que son pari s’est retourné contre lui. La grève a été, nous affirme le délégué, « très très bien suivie ». Ses enjeux étaient multiples.


D’abord, au niveau des pensions. La volonté de prolonger les deux aînés butait contre celle visant à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes. Frédéric le précise, « freiner la pension des anciens, c’est freiner l’accès à l’emploi pour les jeunes ».


Ensuite, en plaçant hors-jeu les syndicats dans le contrôle de l’adéquation entre la polyvalence demandée aux travailleurs et l’évolution des salaires y correspondant. Comment ? En avançant l’argument mensonger qu’avec le GDPR, ils ne peuvent plus avoir de droit de regard. De la sorte, éclaire-t-il, « la direction s’octroie un pouvoir discrétionnaire sur la grille salariale – pourtant négociée paritairement – en évinçant les syndicats dans sa mise en œuvre pour chaque travailleur ».


Enfin, dans l’organisation du travail. En écartant là aussi les syndicats, la direction vise « à pressuriser les travailleurs en exigeant de leur part de plus en plus de polyvalence ». Le but est clair : « il faut générer de plus en plus de bénéfices ». Alors qu’ils donnent déjà le tournis. Entre 2000 et 2010, le chiffre d’affaires est passé de 280 à 300 millions d’euros pour une rémunération des actionnaires passant de 8 à 11 millions. Aujourd’hui, on est respectivement à 780 et à 70.


La lutte du mois dernier fait écho à celle de 2010 qui aura marqué l’implication syndicale de Frédéric. Là aussi, il fut notamment question de prépensions et de travail pour les jeunes.


La suite de l’action syndicale de la délégation du Métal sera limpide. Elle se calquera sur le cahier de revendications de la FGTB à l’occasion des négociations sur l’AIP. Particulièrement le volet de la réduction collective du temps de travail, sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Toujours dans cet esprit de préservation du lien intergénérationnel…